Vous est-il déjà arrivé de visiter un lieu car un film que vous aimez a été tourné à cet endroit? La Cité médiévale de Carcassonne a accueilli de nombreux tournages de films, la découvrir à travers différents films est une idée originale. D’ailleurs, il n’est guère étonnant que le cinéma ait choisi à plusieurs reprises de poser ses caméras dans la Cité de Carcassonne afin de profiter du décor offert par l’architecture médiévale. Nous allons découvrir la Cité médiévale de Carcassonne, ses ruelles, ses remparts et son château comtal à travers les films suivants: Les Visiteurs, Robin des Bois Prince des voleurs, Le Mystère des Loups et enfin Le Corniaud.
Carcassonne et le cinéma
En décembre 1990, le réalisateur américain Kevin Reynolds vient avec un autre Kevin (Costner) tourner des scènes du film Robin des Bois, Prince des Voleurs. Le film est sorti en 1991.
Incontournable succès du cinéma français des années 90, comment oublier Les Visiteurs de Jean-Marie Poiré en 1993 avec Christian Clavier/Jacquouille la Fripouille, Jean Reno/Godefroy de Montmirail, Valérie Lemercier/ Béatrice Goulard de Montmirail et les autres…
Autre immense succès du cinéma français, c’est toujours un plaisir de revoir Le Corniaud de Gérard Oury. A bord d’une Cadillac, Antoine Maréchal (Bourvil) relie Naples à Bordeaux, avec de nombreuses étapes en Italie puis en France et notamment une escale à Carcassonne. Sur la route de ses vacances estivales, il est poursuivi par toute une bande de malfrats dont Léopold Saroyan (Louis de Funès). Le film a été tourné en novembre 1964, il faisait un froid glacial, mais les acteurs portaient des tenues estivales pour coller avec la réalité du scénario.
Enfin, Le miracle des loups d’André Hunebelle avec Jean Marais est sorti en 1961, et se déroule à l’époque de Louis XI.
De nombreux autres films ont été tournés ici, mais j’ai sélectionné ceux que je connaissais ainsi que les plus connus!
La Cité médiévale
Située sur la rive droite de l’Aude et surplombant de 150 mètres l’actuelle ville de Carcassonne, la Cité de Carcassonne a été construite au Moyen-Âge sur un site occupé depuis la Préhistoire. Les Romains occupent l’ancien oppidum et aident la petite ville gallo-romaine de Carcaso à prospérer, mais ce n’est qu’au IIIe siècle que les premiers remparts sont édifiés. Après avoir été occupée par les Wisigoths et les Sarrasins, la ville sera le siège des Comtes de Carcassonne puis de la famille Trencavel avant d’appartenir au Royaume de France.
Porte Narbonnaise et les Lices
On accède le plus souvent à la Cité par la Porte Narbonnaise située à l’est de la Cité. Après avoir franchi le pont-levis, on se retrouve entre les deux rangées de remparts: les Lices. La première construction des fortifications date de l’époque romaine, ces premières fortifications sont encore visibles par endroit et servent de soubassements aux remparts construits plus tard. La deuxième enceinte et ses quatorze tours datent du XIIIe siècle et furent construites sous Louis IX.
A cette époque, de nombreuses menaces pèsent sur la région – la frontière du royaume d’Aragon est toute proche, la Cité doit être capable de résister à un long siège et fait partie du système défensif de la frontière entre la France et l’Aragon. La Cité est rattachée au royaume de France en 1247 et ne sera plus jamais attaquée, y compris durant la Guerre de Cent Ans. Elle reste cependant une place forte importante et joue un rôle majeur dans le dispositif de défense de la frontière.
La Porte Narbonnaise apparait dans deux des films cités ci-dessus. Dans le film Le Corniaud, c’est par cette porte qu’Antoine Maréchal (joué par Bourvil) arrive à Carcassonne au volant de sa Cadillac, on le voit franchir la porte extérieure pour emprunter le pont levis. De nos jours, la Cité est entièrement piétonne!
C’est aussi la Porte Narbonnaise que l’on aperçoit dans Robin des Bois, Prince des Voleurs. L’entrée principale de la Cité ainsi que les lices servent de reconstitution pour figurer l’entrée du château de Nottingham et son marché. Robin-Kevin Costner se déguise en mendiant pour pénétrer dans le château. Pour l’anecdote, le feu rouge avait été dissimulé et le pont-levis recouvert de paille.
Les ruelles
Après avoir franchi la Porte Narbonnaise, un dédale de ruelles s’offre aux visiteurs. Bien sûr, durant les mois d’été et certaines périodes les parcourir ressemble assez à une excursion à Disneyland au mois d’août… Venez tôt… ou venez hors saison!
J’aime beaucoup l’atmosphère de la place Marcou avec ses terrasses ombragées mais c’est la place St Nazaire qui a servi de décor au Corniaud: on reconnait l’hôtel où Bourvil loge (actuel Hôtel de la Cité), la gendarmerie (l’Hôtel Dame Carcas, qui n’a jamais été une gendarmerie, un panneau avait été créé pour les besoins du film) et le café où Saroyan s’installe avant de recevoir un appel téléphonique. Il n’y a jamais eu de café à cet endroit, le magasin d’un photographe avait été transformé. De nous jours, on trouve également des magasins.
Le château Comtal
Le château comtal est construit à partir du XIIe siècle, les étages seront ajoutés plus tard. Il servira également de prison.
L’édifice a accueilli le tournage des scènes médiévales que l’on peut voir dans les premières minutes du film Les Visiteurs. Le reste du film se déroulant à l’époque contemporaine, c’est le château d’Ermenonville dans l’Oise qui a servi de décor pour le château de Montmirail à l’époque actuelle.
Dans le film, la cour du château comtal abrite le banquet des noces de Dame Frénégonde et Godefroy de Montmirail. C’est sur le pont-levis du château que Dame Frénégonde part en courant pour rejoindre Godefroy qui arrive.
La Porte de l’Aude
Cette porte se situe sur le versant ouest des remparts et se trouve être une des images emblématiques de la Cité, reconnaissable facilement.
Dans le film Robin des Bois Prince des Voleurs, Robin s’enfuit à cheval en quittant la Cité par ce chemin.
Cette porte a également servi de décor à la visite nocturne de Godefroy et Jacquouille la Fripouille chez l’enchanteur.
On la reconnait également dans Le Miracle des Loups: l’arrivée de Louis XI, joué par Jean-Louis Barrault est tournée là.
Les remparts
Il est possible de se balader sur les remparts extérieurs, à partir de la Porte Narbonnaise et en direction du sud. Avec un peu de chance, en hiver, vous apercevrez les Pyrénées.
Pour déambuler sur les remparts intérieurs, il faut d’abord effectuer la visite du château comtal. De là, vous pouvez soit emprunter le rempart nord d’où vous pourrez profiter d’une superbe vue sur la ville basse et la Montagne Noire. Soit vous pouvez emprunter le rempart sud (plus long) et terminer cette promenade par une superbe vue sur la campagne environnante ainsi que sur le théâtre Jean Deschamps (théâtre en plein air utilisé lors du festival de Carcassonne chaque année en juillet), et peut-être les Pyrénées par temps clair en hiver.
Enfin, sans rien vous dévoiler de l’intrigue ( 53 ans après, ce serait dommage 😉 ), la scène du Corniaud dans laquelle Louis de Funès siffle Plaisir d’amour se situe sur les remparts. Les remparts ont aussi servi de décor au film Robin des Bois.
Le 7e art et l’art contemporain
Si vous visitez la Cité cet été, vous remarquerez des cercles jaunes. Pas de panique, la Cité n’a pas la jaunisse! Par contre, elle fête le vingtième anniversaire de son classement au patrimoine mondial de l’UNESCO. Il s’agit d’une œuvre éphémère de l’artiste Suisse Felice Varini intitulée Concentriques excentriques. L’artiste a débuté l’installation des bandes jaunes fin mars, elles seront retirées à partir de fin septembre. Oui car ce n’est pas de la peinture, mais des bandes peintes qui ont été collées sur des feuilles d’aluminium et ensuite déposées sur la pierre; cette technique n’abîme pas la pierre.
On aime ou on n’aime pas (beaucoup de polémique dans la région…), mais en tout cas, cela ne laisse pas indifférent! Pour ma part, j’adore! Je trouve que les remparts sont mis en valeur, le jaune redonne de l’éclat à la pierre et s’amuser à trouver le point précis pour voir les cercles entiers est un réel défi. L’autre défi étant d’essayer d’avoir une photo sans personne dessus…
Voici une série de photos avant que les cercles ne soient terminées, ces photos ont été prises début avril 2018 alors que les cordistes s’attelaient à la tâche! L’inauguration a eu lieu début mai 2018.
Point historique
La Cité subira de nombreux aménagements et agrandissements au cours des siècles suivants : les lices sont aplanies, des étages sont ajoutés au château, on construit la porte de Narbonne à l’est, on répare certaines tours gallo-romaines, …
Au XVe siècle, rive gauche du fleuve, une nouvelle ville (bastide) se construit. En 1659, la Cité perd sa position stratégique à la suite de la signature du Traité des Pyrénées qui rattache le Roussillon à la France et fixe la frontière entre la France et l’Espagne à son emplacement actuel. La Cité sera progressivement abandonnée à partir du XVIIe siècle. La ville basse prospère alors que la ville haute n’est désormais qu’un quartier peu attrayant en haut d’une butte. Elle se dégradera très rapidement.
On doit son sauvetage à Prosper Mérimée, inspecteur général des monuments historiques, qui a le coup de foudre pour ce monument en perdition. L’architecte Eugène Viollet-le-Duc débute sa restauration en 1853, elle durera plus d’un demi-siècle. Les trois kilomètres de remparts des IVe et XIIIe siècles sont consolidés, les toitures des 52 tours refaites, on chasse les habitants des maisons construites dans les Lices pour détruire ces habitations, la basilique St Nazaire est restaurée, …
Cette restauration est largement contestée… Viollet-le-Duc est accusé non pas de restaurer mais de modifier et construire. On retient surtout de nombreuses erreurs: il choisit de coiffer les tours d’une toiture conique couverte d’ardoises bleues, alors que nous sommes au pays de la tuile rouge… Un pont-levis est ajouté à l’entrée Porte de Narbonne, pont levis qui n’a jamais existé au Moyen-Âge… Cependant, malgré les erreurs, il ne faut pas oublier que Viollet-le-Duc a accompli un remarquable travail d’architecture qui a permis de sauver un bâtiment en ruine.
Et la campagne !
La scène durant laquelle Godefroy de Montmirail tire une flèche dans le front de son beau-père a été tournée dans les environs de Carcassonne. Le plan qui suit la trajectoire de la flèche a en réalité été tourné à reculons, sur un travelling de 100 mètres de long. Les joueurs de l’équipe de rugby de Carcassonne ont aidé au tournage de cette scène en enlevant les rails nécessaires pour le travelling arrière au fur et à mesure, pour que ces rails n’apparaissent pas dans le champ.
21e siècle
De nos jours la Cité médiévale n’abrite plus qu’une centaine d’habitants à l’année et attire surtout les touristes. Elle est de nos jours l’un des plus grand ensemble médiéval d’Europe encore debout et est visitée par près de 5 millions de visiteurs par an (dont 500.000 visitent le château comtal).
Depuis 1898, chaque année le 14 juillet, l’embrasement de la Cité médiévale et son feu d’artifice attirent entre 700.000 et un million de personnes (22h30, durée 25 minutes).
La ville est un point d’attache idéal pour explorer les alentours tels que l’abbaye de Lagrasse ou l’abbaye de St Hilaire, Limoux, les châteaux cathares, Rennes le château et sa voisine Rennes les bains, le village de Montolieu … et elle ne se situe qu’à une heure de Toulouse et une heure du bord de mer (Narbonne, Gruissan, Leucate).
J’ai déjà écrit sur Carcassonne de façon plus générale, avec d’autres idées de visites ou de balades et quelques bonnes adresses, rendez-vous là-bas en cliquant sur ce lien!
Cet article participait au rendez-vous #EnFranceAussi du mois d’août 2018 dont j’avais proposé le thème: Lieux de Tournage.