Rennes-le-château intrigue encore et toujours. Ce village empreint de mystères a été rendu célèbre au début du XXe siècle grâce à l’abbé Saunière, curé de la paroisse: riche rénovation de l’église paroissiale et construction d’un somptueux domaine. Mais où avait-il trouvé l’argent ? Avait-il trouvé le trésor des Templiers ? Que de mystères !
Rennes-le-château, capitale du Razès
Rennes-le-château est un tout petit village situé au sud du département de l’Aude, à 50 minutes de route de Carcassonne ou 25 minutes de Limoux. Perché sur une colline, il domine la vallée du Razès et les bourgs de Couiza et Espéraza. Occupé dès la préhistoire, un oppidum est aménagé à l’âge de fer mais Rhedae, ne prend réellement de l’ampleur qu’après l’époque gallo-romaine. A cette époque, l’ancien oppidum où l’on construit un castrum se situe sur la frontière du royaume Wisigoth et permet une surveillance à 360° des vallées de l’Aude et de la Sals. Le Moyen-Âge sonne le déclin de la capitale du Razès qui se retrouve au centre des luttes entre seigneurs et passe sous la tutelle d’autres comtés. Le village sort de sa torpeur à la fin du XIXe siècle avec l’arrivée d’un nouveau prêtre : l’abbé Saunière.
L’abbé Saunière
Fils de notables de la région, Béranger Saunière arrive à Rennes-le-château en 1885 à l’âge de 33 ans. C’est un jeune curé qui se fait immédiatement remarquer par ses prêches enflammés. Il sera d’ailleurs suspendu quelques mois de ces fonctions. Lors de son retour dans sa paroisse durant l’été 1886, il entreprend des travaux de rénovation de l’église. En 1886 l’église du XIIe siècle est dans un état vétuste : les vitraux cassés ont été remplacés par des planches, la toiture est percée, le vent et la pluie font des ravages à l’intérieur de l’édifice, le clocher est fissuré. Le presbytère est aussi dans un état déplorable. Les travaux débutent et amènent leur lot de découvertes, notamment des manuscrits, qui ont mystérieusement disparus…, et un tombeau sous une dalle sculptée, dite dalle des Chevaliers. On découvre également un pilier datant de l’époque carolingienne. On dit que Saunière aurait aussi découvert un trésor…
Lors des rénovations, il embellit le maître autel et place un démon sous le bénitier en forme de coquille Saint Jacques. Ce diable a été mainte fois vandalisé depuis. Au-dessus du bénitier, un socle supporte quatre anges. Le sol de l’église est recouvert d’un dallage noir et blanc qui a parfois été interprété comme un échiquier de soixante-quatre cases, orienté vers les points cardinaux. L’abside est surmontée d’une voûte bleue ornée d’étoiles dorées.
De nombreux éléments (peintures, statues, …) sont interprétés par les chercheurs de trésor comme la représentation des douze caches du trésor (Pech de Bugarach, basilique Notre-Dame de Marceille à Limoux,…) et l’appartenance de Saunière à des milieux occultistes ou francs-maçons.
La folie des grandeurs
Saunière ne se contente pas de rénover le lieu de culte, il achète en 1901 les terrains près du presbytère au nom de sa fidèle domestique, Marie Dénarnaud. Sur ce terrain il construit la villa Béthanie, une tour néo-gothique (dite Magdala) et une tour de verre. Les deux tours sont reliées par un belvédère qui offre une magnifique vue sur la région. Il aménage également un parc, des serres et un jardin, dans lesquels on trouve une ménagerie. Le domaine est construit sur l’ancien oppidum. Il rénove également le presbytère.
Vue sur le presbytère et l’église
Tour de verre
La villa Béthanie tient son nom de « Béthania » en Terre sainte qui signifie en hébreu « la maison de la réponse ». Cette demeure est en opposition totale avec le reste des constructions du village, c’est une construction bourgeoise construite pour recevoir les hôtes de Saunière, souvent des hôtes de marque. Il y donne de nombreuses réceptions. Cependant, il n’y a jamais habité et a toujours demeuré au presbytère, en face, également rénové. On remarque au-dessus de la porte d’entrée de la villa Béthanie, une statue du Sacré Cœur. La véranda entourée de vitraux qui sert de porte d’entrée est également aménagée en chapelle où l’abbé donnait parfois des messes. Le papier peint du salon date de 1903, de style Art Nouveau, il a été imaginé par Alphonse Mucha.
La villa Béthanie
Salon de la villa Béthanie, papier peint dessiné par Mucha
L’abbé Saunière dépense sans compter et cela se voit. En 1909, l’évêque de Carcassonne le somme de s’expliquer sur la provenance des fonds qui permettent à un simple curé de campagne de vivre grand train. Un procès s’ouvre. La tenue de ses comptes n’est guère convaincante, il vit dans le luxe et a la réputation de demander des dons hors diocèse pour célébrer des messes. Un trafic de messe est établi, condamné pour trafic d’argent, le prêtre restera toujours énigmatique à ce sujet.
Il est interdit de messe mais continue d’officier dans la chapelle de la villa Béthanie. Les années suivantes sont plus difficiles, il n’est plus le curé officiel de la paroisse, les dons n’affluent plus et la Grande Guerre éclate. Il meurt d’une crise cardiaque en janvier 1917. « Mademoiselle Marie », comme elle était appelée, hérite de tous ses biens et continue de vivre au presbytère, de façon recluse jusqu’aux années 1940. En 1945 elle vend la propriété en viager et décède en 1953.
La veranda-chapelle de la villa Béthanie
La trésor de l’abbé Saunière
Un éventuel trésor, des parchemins disparus, de lourds travaux financés de façon obscure ? La rumeur était lancée après la Seconde Guerre Mondiale. Saunière est surnommé « le curé des milliards ». Les premiers livres publiés par des chercheurs paraissent dans les années 1960 et amènent des visiteurs, des curieux et des chasseurs de trésor. Une église rénovée par un curé au XIXe siècle, cela n’a rien d’anodin. Mais aurait-il découvert un magot ?
De nombreuses légendes sur des trésors existent dans le Razès depuis le XVIIe, beaucoup d’historiens ont évoqué des mines d’or et d’argent dont beaucoup remonteraient à l’époque romaine. La plus célèbre de ces légendes s’appelle « l’or du diable », on dit que le diable lui-même garderait un important magot à l’intérieur de la montagne Bugarach…
On parle aussi du trésor des Templiers, de celui des Cathares ou de Blanche de Castille ? Ou encore du trésor des Wisigoths… Midi Libre écrivait en janvier 1956 : « Richesses du Temple de Salomon capturées par les Romains puis par les Goths ».
En 1968, le livre de Gérard de Sède popularise l’idée que l’abbé Saunière a laissé un message crypté pour trouver son trésor. La décoration de l’église serait un jeu de piste. D’autres hypothèses datant des années 80 évoquent un secret d’Eglise : le prêtre aurait monnayé une découverte remettant en cause l’Histoire du Christianisme.
Le mystère reste entier et les chasseurs de trésor continuent d’affluer. La municipalité a du interdire toute fouille sur la commune. Le cimetière est d’ailleurs fermé à clé et interdit d’accès à toute personne n’ayant pas de famille enterrée là. Quant à la tombe de Béranger Saunière, plusieurs fois vandalisée, elle a dû être déplacée.
L’entrée du cimétière, près de l’église – interdit d’accès
De nos jours, ce très paisible village de 80 habitants donne aux visiteurs l’opportunité d’une belle balade où passer une demi-journée : se promener dans les ruelles, entrer dans l’église, visiter le domaine de Béranger Saunière transformé en musée et faire une halte au restaurant Le Jardin de Marie, situé en face de la villa Béthanie.
Restaurant Le Jardin de Marie
Et pourquoi ne finiriez-vous pas la journée aux thermes de Rennes les bains à quelques kilomètres ? Je vous invite à relire mon article à ce sujet cliquant sur ce lien.
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