Histoire d’une photo: mes voyages en Hongrie

C’est l’histoire d’une photo. C’est l’histoire de cette photo. C’est une histoire non chronologique mais emplie de souvenirs. C’est l’histoire de cette photo devenue mon avatar sur les réseaux sociaux.

C’est l’histoire de ce voyage de cinq semaines en Hongrie qui s’est achevé sur les bords du lac Balaton. C’est l’histoire d’une voyageuse tombée totalement amoureuse de ce pays et qui, à la veille de rentrer observe ce lac une dernière fois. C’est l’histoire mon deuxième voyage en Hongrie et je sais que je reviendrai.

J’ai toujours eu envie de découvrir la Hongrie. J’avais trop entendu parler de l’Empire Austro-Hongrois, vu et revu les films de Sissi, bien trop étudié l’histoire européenne. Bien qu’ayant peu d’images en tête, ce pays m’obsédait, je souhaitais le découvrir. Je suis venue en décembre 2010 et durant l’été 2014. Budapest l’hiver, Budapest l’été, et une sensation étrange de ne pas être dans la même ville.

En hiver, j’avais aimé la ville glaciale, la neige, me réfugier au chaud pour manger une pâtisserie chez Gerbeaud et me prélasser dans les bassins extérieurs des bains Széchenyi (prononcer: Sé-tché-nii) alors qu’il ne faisait qu’un ou deux degrés dehors. La magie de la vapeur dans ce cadre enchanteur. Il y avait alors peu de touristes, peu de gens tout court d’ailleurs, c’était quelques jours avant Noël, les habitants avaient décoré les maisons, les rues. Les blocs de glace flottant sur le Danube m’ont marquée ainsi que la vue en sortant de l’église St Mathias: cette sensation de calme enveloppant cette ville enneigée, les habitats calfeutrés chez eux bien au chaud, la brume omniprésente. Et puis il s’agissait du premier pays que je visitais où on ne parlait ni anglais ni une langue latine, un réel défi pour moi qui suis linguiste!

Le Danube
Le Pont des Chaînes
Le Pont des Chaînes enjambant le Danube et la colline de Buda
Le Pont des Chaînes et le Parlement
Pont Erzsébet
Cathédrale St Stéphane de Pest
Buda, le Danube, Pest et le Parlement
Bains Széchényi
Bains Széchényi
Bains Széchényi
Ruelle de Buda
Ruelles de Buda
Parlement
Avenue Andrássy
Avenue Andrássy
Grande Synagogue de Budapest

Été 2014, après trois jours de route et un passage par Vienne, je reviens en Hongrie. Nous revenons en Hongrie. D‘abord par l’est, Sopron et le lac Fertőd, la chaleur lourde nous pousse à nous poser dans les jardins du palais Esterházy de Fertőd après avoir suivi une visite guidée en hongrois. Je m’amuse en pensant à tous ces touristes étrangers que j’ai vu s’ennuyer en France lors de visites guidées uniquement en français. C’était mon tour aujourd’hui… car malgré la feuille avec les explications dans une langue que je comprends, la visite semble bien longue… Réussir à échapper quelques jours plus tard à la visite guidée du château royal de Gödöllő pour se promener librement mais ne pas y échapper lors des visites des grottes d’Aggtelek, sans petit papier pour suivre cette fois-ci. C’est là qu’une visiteuse hongroise nous a demandé si on comprenait (non) et si elle pouvait nous aider en traduisant l’essentiel (oui!).

Sopron, près de la frontière autrichienne
Château royal de Gödöllő
Visite guidée au palais Esterházy de Fertőd

J’ai été très émue lors du passage de la frontière entre l’Autriche et la Hongrie, là où jadis se dressait un mur de barbelés empêchant le passage de la frontière. Une exposition en plein air retrace l’histoire du pique-nique paneuropéen d’août 1989 et d’Arpad Bella, ce douanier qui un jour décida de lever la barrière…

Découvrir avec enchantement les merveilles de l’abbaye de Pannonhalma. Je n’avais aucune image en tête, je m’étais imaginé une abbaye médiévale comme on en trouve dans ma région. Le cloître, l’église, la bibliothèque, la vue, le couple de jeunes mariés croisés et la riche histoire du lieu qui abrite des archives (dont le premier document rédigé en langue hongroise vers l’an 1000), je ne voulais plus partir. Tout au long de notre voyage en Hongrie, lorsque j’évoquais notre visite à Pannonhalma, les gens semblaient avoir des étoiles dans les yeux. Je n’étais donc pas seule.

Abbaye de Pannonhalma
Bibliothèque de Pannonhalma
Reflets, Pannonhalma – depuis devenu fond d’écran de mon téléphone 😉

Parcourir les collines autour de Tokaj, visiter des caves, acheter du vin… moi qui n’en bois pas. J’ai fait des heureux au retour, sûrement un des plus beaux cadeaux que j’ai pu ramener de ce voyage.

Se reposer dans le parc Hortobágy, se promener à vélo dans les environs pour observer les troupeaux et la faune sauvage. Apercevoir des cigognes pour la première fois, dans leurs nids bien perchées avec leurs oisillons. Ne pas se lasser de les observer tout au long du voyage.

Cigogne perchée dans son nid
Le village de Tokaj
Le village de Tokaj
Cave de Tokaj
Cave de Tokaj
Cave de Tokaj
Parc national de Hortobágy, dans la Puszta
Parc national de Hortobágy, dans la Puszta
Parc national de Hortobágy, dans la Puszta
Parc national de Hortobágy, dans la Puszta
Parc national de Hortobágy, dans la Puszta
Parc national de Hortobágy, dans la Puszta
Parc national de Hortobágy, dans la Puszta

C’est l’histoire d’une voyageuse totalement tombée amoureuse d’un pays et des habitants rencontrés. Loger chez André, francophile autodidacte à Hortobágy, voir ses yeux s’illuminer quand il a appris que nous vivions dans l’Aude – le canal du Midi, les Pyrénées, les châteaux cathares, il était intarissable. Je lui ai offert un magazine sur la région, on aurait dit un enfant le jour de Noël. Et quand en tournant les pages, à la rubrique Narbonne il a découvert que Charles Trénet y était né – son chanteur français préféré! – il avait les larmes aux yeux.

1600 km aller, 1600 km retour, 1800 km dans le pays

A Budapest, chez Elvira et Jozsef, puis près de Tihany chez Katerina, là aussi nous avons séjourné chez des personnes ayant appris le français seules! Est-il nécessaire de préciser que l’accueil a été plus qu’adorable partout ? Y compris chez Valeria à Eger qui ne parlait pas du tout anglais et nous pas du tout hongrois ou allemand. J’avais presque oublié cette dame âgée chez qui nous avons loué des vélos d’une autre époque, qui n’en revenait pas de la distance que nous avions parcouru quand elle avait vu la plaque d’immatriculation française de la voiture.

Avec un mélange de mots et de gestes, des cartes et des petits dessins, de Google traduction (chut), nous y sommes arrivés! J’ai beau avoir étudié l’anglais, l’espagnol, l’italien et même le grec ancien, je n’ai aucune base en allemand… en hongrois non plus d’ailleurs. J’avais bien appris à dire « bonjour », « merci », « au revoir », « je ne comprends pas », « bains » (oui, très important dans ce pays) et je m’efforçais de bien prononcer les noms de lieux et des personnes, mais cela restait largement insuffisant pour communiquer … D’ailleurs à Sopron quand nous avions demandé notre chemin, le monsieur a vite compris que nous parler hongrois ou allemand revenait au même pour nous, une carte et un stylo pour dessiner des flèches, c’était bien plus universel.

Szentendré
Szentendré
Szentendré

Tout près de Budapest, nous avons passé une demi-journée au village de Szentendré (prononcer: Saint-André). Le village est très joli, sur la rive droite du Danube, mais hélas beaucoup trop de petites boutiques pour les touristes ont envahi les ruelles, le charme n’opère pas. Contrairement à Hollókö, au nord du pays, ce petit village a gardé toute sa splendeur avec ses ruelles pavées et ses belles maisons blanches.

Hollókö
Hollókö
Hollókö
Hollókö
Paysage du nord de la Hongrie, près de Hollókö
Paysage du nord de la Hongrie, près de Hollókö

Budapest, bien sûr, en hiver, mais en été aussi. J’y pense encore souvent : au Parlement, aux églises, aux synagogues, aux thermes, aux grandes avenues de Pest, aux ruelles de Buda, à cette soirée à l’opéra et tous ces restaurants. Et les musées bien sûr, d’art, d’histoire et celui de la Terreur sur les années communistes. Et la vue sur la Pest quand on est sur la colline de Buda. A vrai dire, 4 ans plus tard en été, j’ai eu du mal à reconnaître la ville…

Parlement de Budapest
La colline de Buda, vue de Pest
Le Bastion des Pêcheurs (colline de Buda), qui offre une vue extraordinaire sur la ville
Parlement
Parlement
Cathédrale St Stéphane de Pest
Grand Marché couvert de Budapest (Központi Vásárcsarnok)
Le Musée de la Terreur
Gerbeaud, pâtisserie, salon de thé

C’est l’histoire d’une voyageuse qui longe la boucle du Danube pour visiter Visegràd , franchit le fleuve à plusieurs reprises, attend sagement au feu rouge pour passer sur un pont unique voie ferrée-voiture près du lac Tisza; observe les vendeurs de pastèques sur les bords des routes, observe avec beaucoup d’attention les cartes retraçant les contours de la Grande Hongrie de jadis, s’amuse de visiter des supermarchés locaux, adopte la coutume locale de manger des glaces en toute occasion et compte ses forints.

Boucle du Danube près de Visegràd
Boucle du Danube près de Visegràd
Feu rouge du pont ferrovière-routier près du lac Tisza. On attend sagement…
Györ
Györ

Oh bien sûr, il y a eu quelques rendez-vous manqués : Györ est bien jolie mais y rester deux jours était peut-être un peu trop… J’aurais pu éviter le passage par Debrecen et les bains de Miskolc étaient bien trop fréquentés ce jour-là pour apprécier cette étape-détente. La visite de la cathédrale de Esztergom était magnifique mais il aurait fallu traverser le fleuve pour la voir du côté slovaque pour en apprécier toute la beauté.

Debrecen
Debrecen
Cathédrale de Esztergom

Et des jolies surprises, je n’attendais rien en particulier de la ville de Kecskemét, c’était juste une étape entre la Puszta et Pécs. C’est là que j’ai sûrement effectué la plus belle rencontre de tous mes voyages. Nous avions entendu parler français dans l’hôtel où nous séjournions. Le hasard a voulu que ces deux voyageurs occupent la chambre juste à côté de la nôtre.

C’est ainsi que nous avons rencontré Marta et Laurent, la soixantaine active, vivant à Liège en Belgique. Les parents hongrois de Laurent avaient immigré en Belgique dans les années 40. Laurent passait tous les étés dans le village natal de sa mère où il avait rencontré Marta, qui à son tour l’avait rejoint en Belgique une fois ses études finies. Une belle histoire européenne.

J’ai adoré échanger avec eux, parler de la Hongrie d’aujourd’hui, de la Hongrie du passé, des villes et des régions de Hongrie, des voyages en général, de leur famille en Belgique et de celle en Hongrie à laquelle ils rendent visite chaque année, des heures plus sombres du passé du pays. Je me souviens encore de leur étonnement: deux Français trentenaires s’intéressant à leur pays d’origine et son histoire. Nous n’avons pas de photo tous ensemble, mais j’ai une carte postale des paons du palais Cifra de Kecskemét qui me fait souvent penser à eux.

Hôtel de Ville de Kecskemét
Palais Cifra de Kecskemét
Palais Cifra de Kecskemét
Palais Cifra de Kecskemét

C’est l’histoire d’une voyageuse tombée totalement amoureuse de ce pays, des gens et des villes: Pècs et Eger (prononcer Pètch et Eguèr). Pécs, seul et unique endroit du voyage où la pluie s’est invitée, une petite matinée. Pécs et son église installée dans une ancienne mosquée, Pécs et sa petite mosquée du XVIe siècle, Pécs et sa synagogue. Pécs et sa nécropole paléo-chrétienne du IVe siècle. Pécs et sa douceur de vivre. Pécs et sa sublime vue panoramique quand on grimpe tout en haut de la tour de télécommunication (TV Torony).

Pècs, sous la pluie
Eglise Notre-Dame-de-la-Chandeleur, ancienne Mosquée de Gázi Kászim Pacha, place Széchenyi – Pècs
Mosquée Jakovali Hassan – Pècs
Synagogue de Pècs
Pècs
Pècs
Pècs
Pècs
Pècs
Pècs
Pècs
Pècs
TV Torany – Pècs

Quant à Eger… l’accueil chez Valeria, les bains turcs en ville et les bains de Egerszalok à 8km de la ville, les ruelles, le château, le minaret turc vestige de la conquête ottomane… avoir envie de lire le roman Les étoiles de Eger… le Lyceum dans lequel on peut visiter la bibliothèque, un petit musée sur l’astronomie et au neuvième étage, une camera obscura où la ville se dévoile à travers un jeu de miroirs. D’ailleurs, lors du commentaire du guide sur la ville, je n’ai compris que le mot fürdő, « les bains » – oui, je vous avais dit que ce mot était très important. Non loin de là, la vallée de Szalajka avec son petit train et ses balades en forêt. Eger a été une bulle de perfection lors de ce voyage, une belle étape repos avec des balades en ville et en forêt et de belles après-midi aux bains.

Minaret de Eger
Eger, vue du dernier étage du Lycéum
Eger, vue du dernier étage du Lycéum
Bains de Egerszalok et ses sources pétrifiantes

La Hongrie m’a offert ma première visite dans une synagogue et ma première visite dans une mosquée. J’ai aimé chercher les corbeaux, symbole de Mathias Corvin, le 1er roi hongrois. Et j’ai sûrement mangé trop de salami mais pas assez de paprika!

Tihany, lac Balaton
Tihany, lac Balaton
Tihany, lac Balaton
Tihany, lac Balaton
Vue de Balatonfüred et du lac Balaton, de Tihany
Lac Balaton
Veszprém
Veszprém
Château de Keszthely

Et conclure ce périple par trois jours sur les bords du lac Balaton, visiter le petit village de Tihany et son abbaye, se balader dans les ruelles de Veszprém, aller se baigner, visiter le château de Keszthely et flâner sur les bords du lac à Balatonfüred. S’asseoir par terre face au lac et penser à tout ce que j’ai vécu pendant un mois, dans ce pays si mal connu que j’ai adoré découvrir. Et puis reprendre la route, et rentrer.

A bientôt Magyarország.

Lac Balaton, Hongrie – été 2014